15 août 2006

J'ai donné la vie

Depuis que je suis née, je donne la vie. J'ai donné la vie à ces figurines lorsque, enfant, je les faisait s'animer. Plus tard, j'ai donné la vie à des personnages sur papier, les faisant évoluer dans mes bandes dessinées. À l'adolescence je les ai remplacé pour des personnages plus complet, s'animant sous l'encre de mon stylo.

Mais LE jour est venu, ce jour où j'ai donné la vie, concrètement.


Le 25 septembre 2002, 20h30, une première vague fait durcir mon ventre tout rond, trop lourd et prèt à exploser. J'en suis alors à 38 6/7. Je sens que ce sera LE moment tant attendu. Tellement impatiente de tenir enfin ce petit être dans mes bras, de l'hûmer, de l'embrasser, mais à la fois nerveuse. D'une main incertaine, j'inscris sur un bout de papier chaque vague qui m'envahis. Une heure s'écoule, elles sont régulières 6-5-4 minutes.

Bien que l'envie de partir pour l'hopital se fasse sentir, une voix intérieure me dit de m'allonger, de relaxer, de laisser le temps passer. Mais ce petit être se présente par les fesses et comme le médecin a refusé l'accouchement en siège je devrai subir une césarienne. Je ne dois pas attendre trop longtemps inutilement. D'ailleurs, après un coup de fil à la maternité, on m'ordonne de venir immédiatement.

Mon amoureux s'occupe de tout, nourrir les chats, les valises, tout ! Je note toujours la fréquence de ces vagues, douces mais à la fois puissantes.

La route est longue, j'ai le coeur remplis d'émotions contradictoires. La fin de ma grossesse, le début d'une autre aventure, la fin du "couple" , le début de notre famille. Il fait noir, les lumières semblent filer dans la nuit qui s'amène, la lune nuit suit.

Après avoir trouvé une place de stationnement, il faut marcher. Déjà, les vagues s'intensifient, deviennent plus significatives, plus puissantes. J'ai l'estomac rempli de papillons de nuit. J'ai perdu la notion du temps, je m'installe dans une chambre et j'attends.

Minuit ! Un petit "PLOCK" sonnore et c'est le déluge. Cette maison qui fût la sienne durant près de 40 semaines venait d'ouvrir sa porte. Tout s'officialisait, mon bébé serait bientôt là et j'étais prète.

Une infirmière vient en coup de vent m'installer un piquer et ce fût la dernière fois qu'elle s'occupa de moi. Mon amoureux est là, il m'accompagne, il s'occupe de moi si bien. Tous ces fils, toutes ces machines que nous devons trainer, débrancher et rebrancher après chaque allé et venu entre les toilettes et le lit. On se croirait malade, ce soluté m'handicape. Mais c'est la normalité, c'est la première fois que je donne la vie, je suis inexpérimentée, je suis confiante.

Ma mère et mon grand-père arrivent vers 2h du matin. La petite musique d'ambiance accélère et ralenti au rythme des vagues, de petites percussions si douces à l'oreille. Je ne souffre pas dutout. Je suis assise, à parler, à rire. Lorsque les vagues arrivent je dois tout de même respirer, fermer les yeux, me laisser envahir complètement. Mais cette douleur n'est pas gratuite, chaque parcelle de celle-ci me rapproche un peu de l'être que j'aime déjà le plus au Monde.

Vers 4h am on m'installe un soluté, ce sera bientôt le temps pour la césarienne. Malgré tout je suis prète. À partir de ce moment ce n'est plus aussi doux et reposant. Les douleurs se font plus intenses et je sens qu'il est l'heure de pousser. Personne n'a vérifié la progression du travail, tous se sont fiés au fait que je ne souffrais pas. 1 autre heure s'écoule avant que l'on vienne me chercher. Je suis incapable de demeurer assise, quelque chose pousse dans mon vagin, une douleur iradie jusqu'à l'os pubien. 1 heure plus tard, on vient me chercher. Je m'allonge sur une civière, je regarde les lumières du plafond défiler au dessus de moi. L'ascenceur me donne la nausée. On nous laisse seuls, devant la porte du Bloc Opératoire. L'opération m'est expliqué en long et en large, puis j'entre dans la salle.

Une salle complètement blanche, aucun bruit, une odeur d'aseptisé flotte dans l'air. C'est immense mais à la fois étouffant, comme si l'oxygène y était rare, comme s'il n'y avait aucune atmosphère. On pratique la rachidienne entre 2 contractions. C'est réellement une perle cette homme. Il est rigolo, il prend soin de moi jusqu'à ce que mon amoureux puisse entrer.

Je perd tranquillement la sensation de mes orteils et bientôt mes jambes sont complètement paralysées, cette vague inconnue et beaucoup moins rassurante, grimpe maintenant rapidement jusqu'à mes seins. On m'indique que si cela ne s'arrête pas on devra m'intuber. C'est très difficile de respirer, mais tout semble en règle.

L'opération débute, chaque couche de peau, chaque incision, aussi désagréable puisse t'elle être, est un pas de plus vers mon bébé. Le temps est interminable. Je visualise ce moment depuis si longtemps, quelques minutes encore et je l'entendrai pleurer !

Je suis impatiente de voir ce trésor, que l'on croit être une fille. La chirurgienne annonce enfin :" Je sors le bébé" OUF! Le trac, l'excitation.

26 septembre 6h07 au petit matin, avec le levé du soleil, j'entends enfin ce son si merveilleux, un son qui restera gravé dans ma mémoire pour l'éternité. MON bébé... NOTRE bébé. Elle pleure, elle exprime sa venue au monde si brusque, elle vient d'être tiré du nid où elle grandit depuis 39 semaines. Il fait froid, il fait clair, des mains étrangères se la passe au dessus de la table d'opération. Déjà, de sa petite main, elle saisit tout sur son passage. C'est dans les bras de son papa qu'O ira se blottir. À peine le temps d'un bébé, de quelques larmes versées, déjà elle quitte loin de moi, nous sommes séparées pour la première fois !!! Je suis épuisée, la tension tombe, je suis sereine.

Je suis MAMAN !


Par la suite j'ai su que O était engagée, prète à sortir bien avant la césarienne. J'étais à 10 cm et les fesses poussaient pour sortir. 10 jours après l'accouchement, je ne pouvais plus marcher et j'ai du me rendre à l'urgence. Résultat: Mon col avait déchiré durant l'accouchement du au siège et au fait que je n'ai pas poussé pour expulser le bébé. Beaucoup d'émotions que de donner la vie. Mais on a tellement aimé mon amoureux et moi qu'on a décidé, lorsque O avait 10 mois, de se remettre de la partie.

À suivre...

4 Comments:

Blogger France said...

J'ai bien aimé lire ca.

Mais quand tu es retournée à l'hôpital car ton col a déchiré, ils ont fait quoi pour que tu sois correcte?

10:05 p.m.  
Blogger Isabelle said...

En fait, je n'avais aucun saignemetn depuis mon accouchement. À l'hopital on m'avait dit que c'étati du à la césarienne. Mais en fait, un gros caillot c'était coincé dans la déchirure (en Y) sur le col et bloquait le passage pour les lochis. J'avais un ventre dur et douloureux, outre la cicatrice de césarienne ce n'est pas supposé faire ça. J'étais presqu'en dépression car je contractais du vagin; pour évacuer ce caillot, et ça m'empêchait de marcher, de m'occuper de ma fille convenablement. C'était l'enfer. Bref, le doc a tout simplement enlevé le caillot (gros comme un 2$) et je me suis mise à saigner. J'étais sur pieds 3 jours plus tard.

C'aurait pu mal tourner par contre. :(

10:09 p.m.  
Blogger sophie said...

tu écris si bien :) j'attend la suite ;)

10:07 a.m.  
Blogger Trinity said...

Comme c'est beau... j'avais jamais lu ton premier accouchement.. c'est vraiment touchant!
Ca me rappele la césar que j'ai eu a mon gars! :)

Vite vite la suite! :)

10:44 a.m.  

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